Mon chirurgien m’a largué !

Chaque rendez vous à l’hosto est une source d’angoisse, particulièrement ceux avec le chirurgien. Pourtant je l’aime bien elle est sympa, elle a toujours ce grand sourire lorsqu’elle m’annonce qu'elle va encore m’enlever un morceau.

Ce dernier rendez vous, je l’appréhendais particulièrement, je traînais des pieds sur le chemin de l’hôpital, ce chemin que je connais trop bien. J’ai rendez-vous à 15h et je sais déjà qu’elle aura au minimum une heure de retard. L’expérience m’a appris qu’il vaut mieux avoir le premier rendez vous de la matinée ou de l’après midi, 15h c’est un mauvais créneau.

Comme d’habitude, elle ouvre la porte avec son grand sourire, impossible de lire sur son visage ce qu’elle va te dire. Je suis convaincue qu’elle m’annoncerait que je vais crever demain avec ce sourire là.

J’ai le cœur qui bat la chamade, il est temps de faire cesser ce suspense insoutenable, mais elle prend son temps, me fait asseoir et consulte longuement mon dossier.

Les résultats sont bons, on ne devrait plus être amené à se revoir.

J’aurais du sauter de joie et danser autour de la table, j’ai tout juste esquissé un sourire.

Elle m’a examinée et s’est félicitée de ma jolie cicatrice. Encore quelques analyses à faire, je reste sous haute surveillance, mais normalement j’en ai terminé.

Je suis sortie de là dans un état un peu bizarre, je n’arrivais pas à me réjouir.

Je regardais des feuilles voler sur l’esplanade en pensant à la liste des courses que je devais faire avant de rentrer.

Pour la première fois je suis sortie de là sans rien. Pas d’analyse, pas de rendez vous avec l’anesthésiste, pas de prise de sang, pas d’ordonnance, rien.

Pas de soulagement mon plus, mais une sorte de spleen très étrange. J’ai du mal à croire que j’ai pu m’attacher à mon cancer.

Il ma bien fallu quelques jours pour réaliser que c’était fini, mais être heureuse ce n’est pas encore le cas.

J’ai aussi du mal à croire ceux qui affirment que la maladie rend plus fort, ce sont de grosses conneries. La maladie, ça use, ça te plonge dans un monde hostile, ça affaibli, ça laisse des traces.

Bien sur, j’ai un peu honte de penser ça quand je songe à celles que ça a amené au cimetière mais c’est ce que je ressens, c’est comme ça.

Je suis en vie, je ne suis plus malade, mais ça ne me suffit pas

Commentaires

1. Le mardi, mars 29 2011, 11:57 par Haricot

partage cette joie avec tous ceux qui t'aiment et bravo pour avoir vaincu le crabe !

2. Le mardi, mars 29 2011, 12:05 par Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Nous sommes nés pour nous adapter. Nous subissons le monde, les désastres, les auto-mutilations.
Nous nous effilochons, jour après jour, nous ployons toujours plus bas, mais toujours, toujours vivant. Nous survivons.

Il y a une force dans nos drames, une puissance dans nos malheurs, une énergie dans nos dépressions.

Mais quand le malheur s'efface, cette force n'est plus dirigée, n'a plus de but. Nous nous sentons perdus.

Alors pleure de tout ton être, hurle à perdre haleine, évacue ce trop plein.

Et ensuite tu pourras être heureuse.

3. Le mardi, mars 29 2011, 15:01 par Dilligafck

Trop content pour toi ! Et bravo pour ton courage.
Pour finir sur une note égoïste: reviens-nous vite !!

4. Le mardi, mars 29 2011, 17:42 par marie

courage
et merci de nous avoir donné des nouvelles

5. Le mercredi, mars 30 2011, 16:56 par Alice

Trés bonne nouvelle 8-)

6. Le jeudi, mars 31 2011, 11:10 par y.

Bonjour,
La capacité d'adaptation de l'humain est incroyable. Je souffre d'une maladie génétique compliquée et des fois, quand je vais bien, il y a comme un manque. C'est tout simplement normal car le malade n'est pas que seul, il est aussi entouré, bénéficie d'attentions des autres etc. Alors, il me semble que ton sentiment de solitude est tout simplement normal. Mon conseil : sortir par le "rite" de l'hosto : comme tu le remarquais, des gens offrent des cadeaux d'au-revoir aux infirmières. Je suis convaincu que c'est là une façon de tourner la page, de dire merci et surtout un moyen de reprendre le cours de la vie loin des blouses blanches. Va chez le chocoloatier, retourne à ton service, offre tes chocolats et tu seras légère rapidement, sans le sentiment d'être désormais seule face à un monde hostile.

7. Le vendredi, avril 1 2011, 22:20 par Totoro

content que ca se termine , ces rdv a l'hosto !
moi , il m'a fallut quelques mois pour ne plus trouver "étrange" de ne plus souffrir et de faire des nuits complètes sans me réveiller en serrant les dents.
et +1 pour les chocolats a ceusses qui ont été sympas :)

8. Le vendredi, avril 8 2011, 21:30 par pacha

:-) :-) :-)

9. Le dimanche, avril 17 2011, 14:00 par iskander

ce sont des bonnes nouvelles... bien qu'il soit difficile de s'en rendre compte lorsqu'on vient à peine de franchir la ligne qui sépare la vie du néant. Je trouve ton attitude très courageuse... vraiment.

10. Le dimanche, mai 15 2011, 22:14 par 17h23

le cerveau nous joue des tours... mais pense au bien que ca fait à ton corps... moi j'ai envie de crier yipiyaaaa!!!

11. Le samedi, janvier 7 2012, 10:58 par Papa solo

Une petite claque en lisant vos textes, beaucoup d'humour pour parler d'un combat difficile. Mais je suis heureux pour vous du dénouement. Pas de nouvelles depuis presque 1 an; les nouvelles sont bonnes j'espère ! Bonne continuation