Mon cancer et moi

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lundi, mars 28 2011

Mon chirurgien m’a largué !

Chaque rendez vous à l’hosto est une source d’angoisse, particulièrement ceux avec le chirurgien. Pourtant je l’aime bien elle est sympa, elle a toujours ce grand sourire lorsqu’elle m’annonce qu'elle va encore m’enlever un morceau.

Ce dernier rendez vous, je l’appréhendais particulièrement, je traînais des pieds sur le chemin de l’hôpital, ce chemin que je connais trop bien. J’ai rendez-vous à 15h et je sais déjà qu’elle aura au minimum une heure de retard. L’expérience m’a appris qu’il vaut mieux avoir le premier rendez vous de la matinée ou de l’après midi, 15h c’est un mauvais créneau.

Comme d’habitude, elle ouvre la porte avec son grand sourire, impossible de lire sur son visage ce qu’elle va te dire. Je suis convaincue qu’elle m’annoncerait que je vais crever demain avec ce sourire là.

J’ai le cœur qui bat la chamade, il est temps de faire cesser ce suspense insoutenable, mais elle prend son temps, me fait asseoir et consulte longuement mon dossier.

Les résultats sont bons, on ne devrait plus être amené à se revoir.

J’aurais du sauter de joie et danser autour de la table, j’ai tout juste esquissé un sourire.

Elle m’a examinée et s’est félicitée de ma jolie cicatrice. Encore quelques analyses à faire, je reste sous haute surveillance, mais normalement j’en ai terminé.

Je suis sortie de là dans un état un peu bizarre, je n’arrivais pas à me réjouir.

Je regardais des feuilles voler sur l’esplanade en pensant à la liste des courses que je devais faire avant de rentrer.

Pour la première fois je suis sortie de là sans rien. Pas d’analyse, pas de rendez vous avec l’anesthésiste, pas de prise de sang, pas d’ordonnance, rien.

Pas de soulagement mon plus, mais une sorte de spleen très étrange. J’ai du mal à croire que j’ai pu m’attacher à mon cancer.

Il ma bien fallu quelques jours pour réaliser que c’était fini, mais être heureuse ce n’est pas encore le cas.

J’ai aussi du mal à croire ceux qui affirment que la maladie rend plus fort, ce sont de grosses conneries. La maladie, ça use, ça te plonge dans un monde hostile, ça affaibli, ça laisse des traces.

Bien sur, j’ai un peu honte de penser ça quand je songe à celles que ça a amené au cimetière mais c’est ce que je ressens, c’est comme ça.

Je suis en vie, je ne suis plus malade, mais ça ne me suffit pas

mardi, décembre 28 2010

Même joueur joue encore

Après c’est reparti pour quelques semaines d’attente pour l’analyse du morceau de viande.

Bon tu n’es plus à ça prêt, entre toutes les analyses, les consultations et l’opération ça fait quand même 5 mois que ça dure cette histoire. L’avantage c’est maintenant tu sais comment ça fonctionne et tu connais les combines pour ne pas passer ta journée à l’hosto pour une consult d’un quart d’heure.

Vient enfin le jour où le cœur battant, tu te rend au rendez vous qui doit normalement finir par l’annonce de l’extermination du crabe.

Sauf que j’ai eu droit au retour à la case départ, on prend les mêmes et on recommence.

« Bon, je vous laisse passer les fêtes tranquillement, on ré-opère le 7 janvier »

C’est certain, elles vont être géniales les fêtes….

lundi, décembre 6 2010

Ne le dis à personne

D’ailleurs les premières semaines je ne l’ai dit à personne, un peu comme un maladie honteuse.
En fait le cancer de la chatte on n’en parle pas facilement.
Alors oui, ça ne se voit pas. Tu peux même dire que tu prends des vacances, personne ne verra rien.

Puis vient un moment où ça devient pesant, ou l’anodine question « ça va ? » fait figure de provocation. Pas envie de faire semblant, mais pas envie de faire pitié, le choix n’est pas évident. Bon, il se trouve que je suis globalement entourée de gens censées et intelligents (à part quelques uns) donc mon coming-out s’est relativement bien passé.

Je ne pense pas être quelqu’un qui s’apitoie sur son sort facilement et heureusement parce que je suis plutôt dans la catégorie des gens qui, quoi qu’il arrive, ont toujours une grosse merde qui leur tombe sur la tronche au moment où celle d’avant venait de s’arranger.
C’est le karma ma pauv’ Lucette, on n’y peut rien. Alors il faut faire avec, même si tu as un peu de mal lorsque l’on te remet une brochure « perruques et foulards, collection automne-hiver 2010 ».

Et puis surtout j’ai un petit bonhomme formidable et ça c’est qu'il y a de plus important.

Il serait complètement illusoire de penser que l’on peut cacher des choses importantes aux enfants. Les gamins, ils sont équipés d’un radar à emmerdes et tu auras beau faire ce que tu veux, si quelque chose ne va pas, ils le sentent. Évidement, un môme c’est fourbe, alors n’imagine pas qu’il va te prendre la main et te demander ce qui ne va pas, non, il se mettra à pisser au lit ou à mordre sa maîtresse. Pour l’avoir expérimenté une fois, je ne tenais pas à réitérer l’expérience.

Bien entendu, l’idée n’est pas de le faire flipper , mais de lui annoncer l’air de rien, entre le Kiri et la Danette, que tu es un peu malade et tu risques d’être fatigué un petit moment. Pour le mien pas d’inquiétude puisque sa réaction a été de me demander qui allait lui préparer son goûter pendant cette période.
Et c’est quand même rassurant que ses préoccupations s’arrêtent à ce niveau là.

lundi, novembre 22 2010

L’atelier boucherie.

Bon ça va peut être vous choquer et faire un peu toxico, mais l’anesthésie générale c’est quand même terrible. ça dure 4 secondes et demi mais le moment où tu te sens partir, il est franchement tripant.

Après, psychologiquement c’est plus compliqué, particulièrement quand tu sais que c’est pour sortir avec un morceau en moins. C’est con parce que tu as bien conscience que c’est ça qui va te guérir, mais moi je l’ai vraiment ressenti comme une amputation.
Et puis ça a des conséquences.

Avec mon Gajal, on n’a pas de projet d’enfant. Lui n’en a jamais voulu, et moi je ne me vois pas me remettre dans les couches pleines de caca et les nuits blanches.

Il n’empêche qu’il y a une différence entre ne pas vouloir et ne pas pouvoir.

Et comme par enchantement, c’est à ce moment là que Junior réclame un petit frère, qu’une personne sur deux que tu croise à moins de 6 mois , qu’un tiers des utérus que tu connais, encore apte à le faire, t’annonce une gestation et que partout où tu vas, des Prenatal ou Natalys poussent comme des champignons. Enfin, tout conspire à te faire faire penser à ça, voire à revenir sur tes positions, alors que ce n’est plus possible.

Pour être honnête, ces derniers mois, j’ai eu envie d’exploser au napalm tout ce qui se promenait dans une poussette.

mercredi, novembre 10 2010

un Mac Cancer et un sundae chirurgie s'il vous plait!

Le mot cancer, c’est vilain, alors on ne le dit pas tout de suite.

En dépit de son problème de ponctualité, mon médecin est très sympa, elle a un cabinet qui ressemble à un bordel des années 30 et une voix de dessin animé. Mais lorsqu’elle m’a envoyé chez un confrère, compte tenu de mes antécédents, j’ai compris que ça ne sentait pas bon pour moi.

Des analyses « anormales » mais ce n’est sans doute pas grand-chose comme elle me l’a dit, et au final tu en ressors avec un organe en moins. Il faut se méfier de l’empathie du toubib, ça cache toujours quelque chose, surtout quand il t’envoie à l’usine à cancer.

Le problème avec les cancers gynécologiques, c’est qu’il faut mettre ta pudeur de côté, c’est un peu comme si ton vagin tombait dans le domaine public.

Autant, dans le billet précédent je déplorais la lenteur de certaines procédures, ici, le rythme est différent, tu sens bien que le taylorisme est passé par là. En une heure top chrono, tu as vu le chirurgien, l’anesthésiste, le psy, tu as fais un bilan sanguin et réglé les formalités administratives….

Ha ! j’oubliais, entre deux on t’annonce que tu as un cancer, enfin le mot est lâché.

Pour info, ce billet n’a pas été écrit en temps réel, j’ai déjà été opérée, il faut bien que je m’occupe pendant ma convalescence !

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